L’utilisation des fleurs pour exprimer une idée sous la forme d’une espèce de langage est une tradition très ancienne. On trouve en effet des traces du langage des fleurs dans la Grèce antique ou à l’époque égyptienne. On sait par exemple que Cléopâtre faisait garnir les bains de Marc Antoine, son amant, avec des pétales de roses pour lui rappeler son amour. Mais c’est au XVIIe siècle que les Turcs développèrent un langage des fleurs plus complexe et élaboré qui se répandit ensuite dans toute l’Europe. Et c’est pendant l’ère victorienne que le langage des fleurs s’est vraiment démocratisé. Les amants de cette époque s’envoyaient des bouquets d’apparence anodine pour s’échanger des messages secrets.
On peut expliquer cet intérêt pour le langage des fleurs par le règne d’Élisabeth. Ce fut peut-être la période la plus stricte au niveau de la morale en Angleterre. Ce qui naturellement a poussé les amoureux à rechercher des moyens pour contourner l’austérité de la morale qui codifiait les comportements de l’époque. En plus, c’était une époque où l’on parlait beaucoup de romantisme et de poésie. Le langage avait donc naturellement tout pour plaire, puisqu’offrir des fleurs est bien sûr un geste romantique, et en plus le langage de fleurs lui rajoutait cette touche de poésie tellement recherchée.
C’est d’ailleurs sous l’ère victorienne que l’on trouve le plus de dictionnaires du langage des fleurs. Cette époque est d’ailleurs très prolifique pour le langage des fleurs, on arrive à leur faire dire à peu près tout, il est même possible de constituer des phrases complètes rien qu’en constituant un simple bouquet. C’est à cette époque aussi que le mythe des roses rouges apparait. Celui-ci explique que la rose rouge serait née d’une rose blanche qui aurait rougi dans le jardin d’Éden, quand Adam et Ève ont mangé la fameuse pomme.
Chaque fleur avait sa propre signification, et l’on pouvait facilement constituer un bouquet pour exprimer une idée précise. Le laquage des fleurs a même reçu une espèce de grammaire, puisque la signification pouvait varier en fonction de la place de chaque fleure dans la composition. Mais l’on prenait aussi en compte les éventuels bourgeons que portaient les fleures, le type de la taille utilisé pour confectionner le bouquet et même la position qu’adopter la personne qui les offrait était observé pour déterminer la teneur exacte du message. En fait, il était prévu que la personne qui recevait les fleurs puisse directement répondre par le même type de laquage. Ainsi si par exemple la jeune femme, acceptait le bouquet avec la main droite, la réponse était affirmative et négative si elle utilisait la main gauche. Mais attention, car si le bouquet était présenté la tête en bas, cela signifiait qu’il fallait comprendre l’inverse de ce que les fleures signifiaient.
A l’époque victorienne, la tradition du langage des fleurs allait encore beaucoup plus loin. Puisqu’il n’était pas réservé au seul amoureux, ainsi l’on plaçait une composition florale spécifique dans chaque pièce de la maison afin de là aussi délivrer un message. Les femmes de l’époque faisaient d’ailleurs preuve d’une très grande sophistication sur la construction des compositions florales qu’elles créent. Comprendre le langage des fleurs était presque devenu un impératif, pour pouvoir vivre à cette époque et s’intégrer dans la société. Évidemment ces traditions touchées principalement les plus hautes classes de la société, mais aussi les classes moyennes. On trouvait ainsi des fleurs dans presque toutes les maisons de l’époque, et chaque femme se devait de maîtriser l’art des compositions florales.